Les chercheurs d’argent de Potosi

Nous avons rejoint Uyuni la veille. Adieu le salar et le Sud Lipez. Quelle région incroyable! Uyuni est la première ville bolivienne que nous découvrons: les femmes sont souvent habillées d’une jupe plissée et aussi d’un châle pour leur tenir chaud, le tout surmonté d’un joli chapeau, parfois melon, parfois à larges bords, et très souvent des boucles d’oreilles viennent encadrer leur visage et éclairer leur chevelure noire attachée avec deux grandes nattes qui leur tombent jusqu’aux fesses. Une femme sur deux porte dans son dos son petit, emmitouflé dans un grand châle multicolore, aux dominantes roses. Me voilà un point commun avec elles quand je les croise avec Nils dans mon dos, dans le porte-bébé. Elles ont peur qu’il ait froid aux jambes, c’est ce qu’elles me disent !!
Direction ensuite Potosi et les fameuses mines du cerro Rico dont les tonnes d’argent extraites (on parle en milliards de tonnes) ont fait la richesse de l’Espagne et les malheurs de la Bolivie…Pas de visite pour les enfants mais Lionel et moi allons passer, chacun notre tour, une grande matinée dans l’antre de cette montagne miraculeuse. Julio, notre guide (de l’agence Greengo Tour), est un ancien mineur et lutte pour l’amélioration des conditions de travail des mineurs. C’est en groupe de 4 que nous nous enfonçons dans la mine, équipés de pied en cap par la coopérative qui gère cette parcelle de la montagne: bottes, pantalon, veste et lumière vissée sur le casque. « Remember! the light is your eyes », répète Julio. Le plafond est bien bas et nous voilà courbés pour avancer. Moi (Nelly), j’ai bien cru que je n’allais pas pouvoir dépasser les premiers mètres tellement l’idée de s’enfoncer dans la montagne et de ne pas revoir la lumière du jour pendant plusieurs heures m’oppressait!! En plus, avec l’altitude (4000m), on a vite le souffle court car il n’est pas question de lâcher d’une semelle la personne qui nous précède! « Trust me », m’assure Julio. « Ok… ». Quelques minutes plus tard, le coeur et la tête s’apaisent et c’est parti! Nous allons parcourir pendant plusieurs heures des tranchées faites à coup de dynamite et passer à travers des boyaux à peine plus larges qu’un homme pour rejoindre les niveaux inférieurs. « Et si jamais on restait bloqué à l’intérieur? »… Non! Stop, tout de suite, surtout ne pas penser à cette éventualité… qui reste en effet rarissime! Grâce à Julio, nous aurons ainsi pu toucher du doigt la vie des mineurs, une vie de chien il faut le dire, où l’espérance de vie ne dépasse guère les 60 ans…
Il est temps de dire adieu à Potosi. Si Anna et Nils reviennent dans 20 ans, est-ce que ces mines seront toujours en activité? L’argent se ramassait sans même avoir à creuser la montagne pendant les 10 premières années d’exploitation par les Espagnols, aujourd’hui les mineurs doivent creuser toujours plus profond pour trouver de maigres veines de 3 à 4 centimètres. Pour Julio, cela ne durera pas éternellement…

A nous le salar de Uyuni !

Topo infos pratiques : Le sud Lipez et le salar d’Uyuni en camping-car

Réveil à San Juan. Cette fois-ci, le salar de Uyuni est au bout de nos roues! Ravis d’avoir retrouvés nos amis, nous faisons un premier stop à San Pedro de Quemes puis à la gruta de las Galaxias où des algues pétrifiées nous font comprendre qu’il y a quelques milliers d’années, toute la région était sous l’eau! Une piste très mauvaise, faite de tôle ondulée et de sable (on va s’enliser pour la première fois!) nous emmène jusqu’aux portes du salar. Et c’est parti, direction l’île del Pescado pour notre premier bivouac sur le désert blanc. Nous y retrouvons 18 ultra-marathoniens qui se préparent à courir 42 km sur le sel le lendemain. Une petite déception toutefois : on s’attendait à un désert à la blancheur immaculée, on trouve un salar un peu marronnasse, par endroit… Mais que s’est-il donc passé????? Certains parlent d’une tempête dans les dernières semaines qui aurait ramené toute la terre vers le salar, d’autres dénoncent une culture intensive du quinoa sur les bords du salar.
Nous allons ensuite passer 3 superbes journées sur le salar, allant de gauche à droite, nous émerveillant de cette grande étendue plate et se jouant d’elle en faisant des effets de perspectives.

« L’aventure » Sud lipezienne

Topo infos pratiques : Le sud Lipez et le salar d’Uyuni en camping-car

Le lendemain matin, nous poursuivons notre chemin et stoppons au pied des geysers de Sol de Manana. Un sifflement strident s’échappe du sol et des mares de boues bouillonnantes glougloutent à nos pieds. La piste qui nous emmnéra jusqu’à la laguna Colorada ne sera pas facile. Après un picnic à 6 dans un petit canyon, Claire et Renaud prennent la piste partant à l’ouest de Colorada, celle empruntée uniquement par les 4×4, qu’on nous dit assez difficile pour le camping-car. Nous décidons de jouer la carte de la sécurité en empruntant la piste de l’est reliant la lagune Colorada à Vila Mar, empruntée elle aussi par beaucoup de 4×4 dans la journée. Nous ne regrettons pas notre décision: les paysages sont magnifiques. Nous arrivons en fin de journée à Vila Mar. Premier village bolivien. Pas grand monde dans les rues car il fait bien froid! On dort devant un hôtel.

Départ le lendemain de Vila Mar, direction San Juan où nous devons retrouver Claire et Renaud pour poursuivre l’aventure vers le salar de Uyuni. Petit tour de chauffe dès le début de la journée car en voulant contourner un gué à la sortie du village nous nous retrouvons dans un couloir longeant des habitations trop étroit pour passer sans risquer d’accrocher le haut du CC au bord des toits. On creuse pendant une demie-heure pour agrandir le passage. Ouf, ça finit par passer! La route ensuite est magnifique. Deux gués plus importants à passer avant Vila Alota vont obliger Lionel à démonter le filtre à air comme cela nous a été recommandé par le garage Iveco de Salta. Là encore, les 4×4 des tours opérateurs ne sont pas loin et on est sûr de ne pas rester au milieu de l’eau en cas de pépin! On avait laissé passé quelques 4×4 pour voir comment ils s’y prenaient et on comprend assez vite que les véhicules des tours opérateurs passent le gué là où c’est le plus profond pour épater les touristes tandis que les locaux ne se compliquent pas la vie et empruntent le gué là où il y a le moins d’eau… On suivra les seconds… Notre CC passe les gués haut la main et nous voilà repartis! Pour rejoindre San Juan, nous allons remonter une bien jolie vallée où culture du quinoa et lamas se partagent l’espace. La piste est correcte. On ne croise personne si ce n’est quelques hameaux fantômes qui doivent reprendre vie au moment de la plantation et de la récolte du quinoa. Arrivée à San Juan en fin de journée. Pas de traces de nos amis Somon, on les retrouvera le lendemain matin.