Chez les Jalq’a de la cordillera de Los Frailes

Nous quittons Sucre. « Enfin » ai-je envie de dire car même si la ville est très agréable, ce sont bien les grands espaces et la vie à la campagne que nous aimons découvrir. Cela est d’autant plus vrai que nous transportons dans notre camping-car un petit zébulon (et souvent une jeune chevrette pleine d’énergie) qui ne demande qu’à gambader sans avoir à regarder ni à gauche ni à droite et qui n’a guère le souci de surveiller la présence du moindre véhicule aux alentours! Nous ne partons pas bien loin puisque nous visons la cordillera de los Frailes, à quelques kilomètres de Sucre. Niché au milieu d’un cratère, le village de Maragua et ses alentours vont nous offrir de magnifiques paysages et une idée de cette vie à la campagne.
La cordillera los Frailes est le berceau de la communauté indienne Jalq’a. Dans les champs, la récolte du blé et de l’orge a terminée, c’est l’heure de l’égrenage, à la main et grâce au bon vouloir du vent. De bien belles scènes de vie nous attendent. On se croirait dans le tableau de… je ne sais plus quel peintre (aidez-moi!) qui peint une scène de travail dans les champs, le tableau est dans les tons jaunes je crois, comme le paysage qui nous entoure. On fait clairement un bond en arrière au niveau des techniques agricoles utilisées. Chaque famille semble avoir deux ou trois ânes pour le transport, des vaches et des moutons et tout ce petit monde cohabitent dans les champs.
Un matin, on toque à notre porte: deux femmes de la maison voisine, une jeune et une moins jeune, nous proposent des bracelets qu’elles ont confectionné. Nous leur demandons s’il est possible de venir les voir tisser car c’est une des spécialités de cette communauté. Rendez-vous est pris dans une heure chez elles. Nous allons passer une demie-heure à les regarder. La plus jeune a une petite fille de 3 mois (les sandales de Nils devenues trop petites ainsi que quelques vêtements vont faire une heureuse je l’espère). On apprend que cette jeune femme a accouché toute seule à la maison avec l’aide de sa mère. On en déduit qu’il vaut mieux que tout se passe bien au niveau médical dans ces moments-là… La journée se poursuit par une ballade à la recherche d’empreintes de dinosaures car la région en est pleine. Une bergère rencontrée sur le chemin nous indique la route à prendre. Heureusement pour nous elle parle espagnol! Ce qui n’est pas une évidence car dès que l’on s’enfonce un peu dans les campagnes, c’est le quechua qui reprend la main.
Le lendemain, une belle randonnée nous conduira sur un sentier faisant partie du chemin des Incas. Magnifique balade le long d’une crête qui doit nous permettre de voir des peintures rupestres. Malheureusement, les deux sites où sont les peintures nous demandent de descendre des dizaines et des dizaines de marches… qu’il faudra bien sût remonter… Et c’est là que notre Anna nous sort cette remarque qui nous donnera matière à réflexion sur le chemin du retour : »Mais pourquoi sont-ils allés peindre si bas dans la montagne… » C’est vrai ça…
Tandis qu’Anna apprend à lire et à écrire, Nils apprend à parler. Le « holà » et le « tchao » en espagnol sont définitivement acquis. Muy amable, notre petit Zébulon fait fondre tous les Boliviens et Boliviennes qu’il croise. En français, c’est le « non » qui est très bien intégré. Es-tu gentil? Non, veux-tu du pain? non etc… Anna quant à elle semble avoir trouvé un intérêt certain pour les cartes en tout genre. Chaque nom de ville est déchiffré avec minutie, les itinéraires étudiés avec intérêt, pas une brochure des offices de tourisme ne lui échappe…

Sucre, la belle coloniale

Sucre rimera pour nous avec chapeau. Chapeau car après 40 ans de recherche effrénée, Lionel a enfin trouvé un chapeau à sa taille!! Croyez-le ou non mais depuis que nous nous connaissons j’ai vu des dizaines de vendeurs de chapeau, Français ou étrangers, tenter de lui trouver un couvre-chef à sa taille, hélas sans succès… Cette quête frénétique s’est donc arrêtée ici chez le fabricant Sombreros Sucre, « el mejor recuerdo se lo lleva en la cabeza ». Du coup, Lionel a fait faire non pas un mais deux chapeaux à sa taille! Et Anna, Nils et moi en avons aussi profité! Il n’en a pas l’air comme ça mais, comme nous le confirmera l’expert es chapeau de l’usine, le crâne de Lionel, s’il est « normal » dans sa largeur, est par contre particulièrement allongé. Pour les Incas, on nous a dit que c’était le signe incontestable d’une intelligence supérieure… C’est donc ça…

(ok pour l’instant on a pas encore fait la photo chapeau… ca va venir!)
La chasse au chapeau ne nous aura tout de même pas occupés toute la semaine où nous sommes restés à Sucre. Nous avons pu déambuler dans les rues de cette jolie ville coloniale, jouir de magnifiques point de vue depuis les toits d’un couvent ou depuis les hauteurs de la ville, admirer les tissages des différentes communautés indiennes dans le musée des arts indigènes et flâner dans les allées du marché de Campesino en goûtant à de délicieux jus de fruits frais.

 

 

 

Les mille et un visages de Tarabuco

Direction maintenant Sucre, que l’on dit la plus belle ville de Bolivie! On n’est pas mécontent de quitter le froid et le vent de Potosi. Nous allons stationner devant la maison d’une famille française, Audrey, Gaël et leur petit garçon Jules, qui s’est installée il y a quelques mois à Sucre après avoir parcouru les Amériques pendant deux ans en camping-car. Ils sont à la recherche d’un terrain pour ouvrir un camping. On aura l’agréable surprise de retrouver Hélène et Michel devant chez eux ! Nos routes se sont croisées déjà plusieurs fois en Argentine et au Chili et c’est avec toujours beaucoup de plaisir que nous passons du temps avec eux. Avant de nous lancer à la découverte de Sucre, nous partons avec Claire et Renaud, qui sont eux aussi de la partie, au marché dominical de Tarabuco, à une heure environ de Sucre. C’est un marché alimentaire pour tous les villageois des alentours mais aussi un marché artisanal où nous allons faire nos premiers achats. On nous dit de « négocier-négocier » mais les Boliviens sont durs en affaire et notre dernier exploit aura été, auprès des longues minutes de discussion, de négocier 8 lacets à 72 au lieu de 73 bolivianos!!!!! Yes!!!! on est des bêtes!!!!