Les mille et un visages de Tarabuco

Direction maintenant Sucre, que l’on dit la plus belle ville de Bolivie! On n’est pas mécontent de quitter le froid et le vent de Potosi. Nous allons stationner devant la maison d’une famille française, Audrey, Gaël et leur petit garçon Jules, qui s’est installée il y a quelques mois à Sucre après avoir parcouru les Amériques pendant deux ans en camping-car. Ils sont à la recherche d’un terrain pour ouvrir un camping. On aura l’agréable surprise de retrouver Hélène et Michel devant chez eux ! Nos routes se sont croisées déjà plusieurs fois en Argentine et au Chili et c’est avec toujours beaucoup de plaisir que nous passons du temps avec eux. Avant de nous lancer à la découverte de Sucre, nous partons avec Claire et Renaud, qui sont eux aussi de la partie, au marché dominical de Tarabuco, à une heure environ de Sucre. C’est un marché alimentaire pour tous les villageois des alentours mais aussi un marché artisanal où nous allons faire nos premiers achats. On nous dit de « négocier-négocier » mais les Boliviens sont durs en affaire et notre dernier exploit aura été, auprès des longues minutes de discussion, de négocier 8 lacets à 72 au lieu de 73 bolivianos!!!!! Yes!!!! on est des bêtes!!!!

Les chercheurs d’argent de Potosi

Nous avons rejoint Uyuni la veille. Adieu le salar et le Sud Lipez. Quelle région incroyable! Uyuni est la première ville bolivienne que nous découvrons: les femmes sont souvent habillées d’une jupe plissée et aussi d’un châle pour leur tenir chaud, le tout surmonté d’un joli chapeau, parfois melon, parfois à larges bords, et très souvent des boucles d’oreilles viennent encadrer leur visage et éclairer leur chevelure noire attachée avec deux grandes nattes qui leur tombent jusqu’aux fesses. Une femme sur deux porte dans son dos son petit, emmitouflé dans un grand châle multicolore, aux dominantes roses. Me voilà un point commun avec elles quand je les croise avec Nils dans mon dos, dans le porte-bébé. Elles ont peur qu’il ait froid aux jambes, c’est ce qu’elles me disent !!
Direction ensuite Potosi et les fameuses mines du cerro Rico dont les tonnes d’argent extraites (on parle en milliards de tonnes) ont fait la richesse de l’Espagne et les malheurs de la Bolivie…Pas de visite pour les enfants mais Lionel et moi allons passer, chacun notre tour, une grande matinée dans l’antre de cette montagne miraculeuse. Julio, notre guide (de l’agence Greengo Tour), est un ancien mineur et lutte pour l’amélioration des conditions de travail des mineurs. C’est en groupe de 4 que nous nous enfonçons dans la mine, équipés de pied en cap par la coopérative qui gère cette parcelle de la montagne: bottes, pantalon, veste et lumière vissée sur le casque. « Remember! the light is your eyes », répète Julio. Le plafond est bien bas et nous voilà courbés pour avancer. Moi (Nelly), j’ai bien cru que je n’allais pas pouvoir dépasser les premiers mètres tellement l’idée de s’enfoncer dans la montagne et de ne pas revoir la lumière du jour pendant plusieurs heures m’oppressait!! En plus, avec l’altitude (4000m), on a vite le souffle court car il n’est pas question de lâcher d’une semelle la personne qui nous précède! « Trust me », m’assure Julio. « Ok… ». Quelques minutes plus tard, le coeur et la tête s’apaisent et c’est parti! Nous allons parcourir pendant plusieurs heures des tranchées faites à coup de dynamite et passer à travers des boyaux à peine plus larges qu’un homme pour rejoindre les niveaux inférieurs. « Et si jamais on restait bloqué à l’intérieur? »… Non! Stop, tout de suite, surtout ne pas penser à cette éventualité… qui reste en effet rarissime! Grâce à Julio, nous aurons ainsi pu toucher du doigt la vie des mineurs, une vie de chien il faut le dire, où l’espérance de vie ne dépasse guère les 60 ans…
Il est temps de dire adieu à Potosi. Si Anna et Nils reviennent dans 20 ans, est-ce que ces mines seront toujours en activité? L’argent se ramassait sans même avoir à creuser la montagne pendant les 10 premières années d’exploitation par les Espagnols, aujourd’hui les mineurs doivent creuser toujours plus profond pour trouver de maigres veines de 3 à 4 centimètres. Pour Julio, cela ne durera pas éternellement…

A nous le salar de Uyuni !

Topo infos pratiques : Le sud Lipez et le salar d’Uyuni en camping-car

Réveil à San Juan. Cette fois-ci, le salar de Uyuni est au bout de nos roues! Ravis d’avoir retrouvés nos amis, nous faisons un premier stop à San Pedro de Quemes puis à la gruta de las Galaxias où des algues pétrifiées nous font comprendre qu’il y a quelques milliers d’années, toute la région était sous l’eau! Une piste très mauvaise, faite de tôle ondulée et de sable (on va s’enliser pour la première fois!) nous emmène jusqu’aux portes du salar. Et c’est parti, direction l’île del Pescado pour notre premier bivouac sur le désert blanc. Nous y retrouvons 18 ultra-marathoniens qui se préparent à courir 42 km sur le sel le lendemain. Une petite déception toutefois : on s’attendait à un désert à la blancheur immaculée, on trouve un salar un peu marronnasse, par endroit… Mais que s’est-il donc passé????? Certains parlent d’une tempête dans les dernières semaines qui aurait ramené toute la terre vers le salar, d’autres dénoncent une culture intensive du quinoa sur les bords du salar.
Nous allons ensuite passer 3 superbes journées sur le salar, allant de gauche à droite, nous émerveillant de cette grande étendue plate et se jouant d’elle en faisant des effets de perspectives.