Les dinos de Torotoro

Torotoro est le nom de notre destination suivante. Ce village, avec son parc national, est à quelques 7 heures de route de Sucre. Nous y parviendrons en deux jours avec à la fin une arrivée de nuit sur une piste de montagne longue, longue, longue comme un jour sans pain… Fief des dinosaures, la région de Torotoro est truffée d’empreintes de ces grands animaux. Mais pas que! Torotoro est également un repère de Français! le village n’étant pas grand, on les croise à tous les coins de rue!
Antoine, Ralf, Audrey, Aurélien et Guy seront nos compagnons de rando ou de restau pendant ce séjour. Notre cantine est le comedor du village situé à côté du marché où beaucoup d’habitants viennent aussi manger. Pour 10 bolivianos (1€), on se régale d’une soupe ou de l’indétronable poulet/riz que l’on retrouve partout. Bon, quand c’est soupe avec une patte de poulet qui flotte joyeusement au milieu, on fait moins les malins… Encore moins quand la Bolivienne à côté de nous en arrache consciencieusement chaque griffe pour la suçoter avec délice… On prie alors pour que la cuisinière oublie de mettre dans notre assiette cet apporteur de goût incontestable…
Le parc de Torotoro est absolument magnifique. Grâce notre ticket d’entrée valable 4 jours, nous explorons les merveilles de cet endroit. Torotoro est un livre ouvert de géologie: fossiles, canyons, couches successives d’argile, de grès et de calcaire… Nous descendrons les 900 marches qui nous mèneront au fond d’un immense canyon, avec baignade pour les plus courageux (Anna, Nils et Lionel). Remontée ensuite du même canyon mais cette fois-ci en diagonale avec une partie d’escalade. A cette occasion, Anna décroche son Cabri d’or en faisant preuve d’une agilité de chat, (enfin de cabri voulais-je dire… )
Notre séjour à Torotoro s’achèvera par une grande fête du village en l’honneur du saint local: Tata Santiago. Trois jours de festivités sont annoncés! Pour éviter le bruit, nous quittons la place du village pour trouver refuge sur le parking des logements des professeurs du collège. Au programme de la fête : procession et musique folklorique. On ne peut pas dire que la musique nous ait transportés, surtout les chanteuses qui chantent d’une voix super aiguë et nasillarde qui porte clairement sur les nerfs! Première journée bon enfant avec marché local et défilé des habitants en tenue de fête, la deuxième journée laisse déjà apparaître les stigmates de l’alcool chez les Boliviens et ils sont plus nombreux à balayer les rues de gauche à droite avec leur femme qui suive gentiment, et patiemment, jusqu’à ce que le bonhomme s’arrête…
Après une grosse semaine à Torotoro, nous reprenons la route, direction cette fois-ci Cochabamba pour rejoindre le parc de Sajama au sud-ouest de la Paz.

Chez les Jalq’a de la cordillera de Los Frailes

Nous quittons Sucre. « Enfin » ai-je envie de dire car même si la ville est très agréable, ce sont bien les grands espaces et la vie à la campagne que nous aimons découvrir. Cela est d’autant plus vrai que nous transportons dans notre camping-car un petit zébulon (et souvent une jeune chevrette pleine d’énergie) qui ne demande qu’à gambader sans avoir à regarder ni à gauche ni à droite et qui n’a guère le souci de surveiller la présence du moindre véhicule aux alentours! Nous ne partons pas bien loin puisque nous visons la cordillera de los Frailes, à quelques kilomètres de Sucre. Niché au milieu d’un cratère, le village de Maragua et ses alentours vont nous offrir de magnifiques paysages et une idée de cette vie à la campagne.
La cordillera los Frailes est le berceau de la communauté indienne Jalq’a. Dans les champs, la récolte du blé et de l’orge a terminée, c’est l’heure de l’égrenage, à la main et grâce au bon vouloir du vent. De bien belles scènes de vie nous attendent. On se croirait dans le tableau de… je ne sais plus quel peintre (aidez-moi!) qui peint une scène de travail dans les champs, le tableau est dans les tons jaunes je crois, comme le paysage qui nous entoure. On fait clairement un bond en arrière au niveau des techniques agricoles utilisées. Chaque famille semble avoir deux ou trois ânes pour le transport, des vaches et des moutons et tout ce petit monde cohabitent dans les champs.
Un matin, on toque à notre porte: deux femmes de la maison voisine, une jeune et une moins jeune, nous proposent des bracelets qu’elles ont confectionné. Nous leur demandons s’il est possible de venir les voir tisser car c’est une des spécialités de cette communauté. Rendez-vous est pris dans une heure chez elles. Nous allons passer une demie-heure à les regarder. La plus jeune a une petite fille de 3 mois (les sandales de Nils devenues trop petites ainsi que quelques vêtements vont faire une heureuse je l’espère). On apprend que cette jeune femme a accouché toute seule à la maison avec l’aide de sa mère. On en déduit qu’il vaut mieux que tout se passe bien au niveau médical dans ces moments-là… La journée se poursuit par une ballade à la recherche d’empreintes de dinosaures car la région en est pleine. Une bergère rencontrée sur le chemin nous indique la route à prendre. Heureusement pour nous elle parle espagnol! Ce qui n’est pas une évidence car dès que l’on s’enfonce un peu dans les campagnes, c’est le quechua qui reprend la main.
Le lendemain, une belle randonnée nous conduira sur un sentier faisant partie du chemin des Incas. Magnifique balade le long d’une crête qui doit nous permettre de voir des peintures rupestres. Malheureusement, les deux sites où sont les peintures nous demandent de descendre des dizaines et des dizaines de marches… qu’il faudra bien sût remonter… Et c’est là que notre Anna nous sort cette remarque qui nous donnera matière à réflexion sur le chemin du retour : »Mais pourquoi sont-ils allés peindre si bas dans la montagne… » C’est vrai ça…
Tandis qu’Anna apprend à lire et à écrire, Nils apprend à parler. Le « holà » et le « tchao » en espagnol sont définitivement acquis. Muy amable, notre petit Zébulon fait fondre tous les Boliviens et Boliviennes qu’il croise. En français, c’est le « non » qui est très bien intégré. Es-tu gentil? Non, veux-tu du pain? non etc… Anna quant à elle semble avoir trouvé un intérêt certain pour les cartes en tout genre. Chaque nom de ville est déchiffré avec minutie, les itinéraires étudiés avec intérêt, pas une brochure des offices de tourisme ne lui échappe…

Sucre, la belle coloniale

Sucre rimera pour nous avec chapeau. Chapeau car après 40 ans de recherche effrénée, Lionel a enfin trouvé un chapeau à sa taille!! Croyez-le ou non mais depuis que nous nous connaissons j’ai vu des dizaines de vendeurs de chapeau, Français ou étrangers, tenter de lui trouver un couvre-chef à sa taille, hélas sans succès… Cette quête frénétique s’est donc arrêtée ici chez le fabricant Sombreros Sucre, « el mejor recuerdo se lo lleva en la cabeza ». Du coup, Lionel a fait faire non pas un mais deux chapeaux à sa taille! Et Anna, Nils et moi en avons aussi profité! Il n’en a pas l’air comme ça mais, comme nous le confirmera l’expert es chapeau de l’usine, le crâne de Lionel, s’il est « normal » dans sa largeur, est par contre particulièrement allongé. Pour les Incas, on nous a dit que c’était le signe incontestable d’une intelligence supérieure… C’est donc ça…

(ok pour l’instant on a pas encore fait la photo chapeau… ca va venir!)
La chasse au chapeau ne nous aura tout de même pas occupés toute la semaine où nous sommes restés à Sucre. Nous avons pu déambuler dans les rues de cette jolie ville coloniale, jouir de magnifiques point de vue depuis les toits d’un couvent ou depuis les hauteurs de la ville, admirer les tissages des différentes communautés indiennes dans le musée des arts indigènes et flâner dans les allées du marché de Campesino en goûtant à de délicieux jus de fruits frais.