Le sud Lipez et le salar d’Uyuni valent définitivement le détour. Nous avons passé une semaine riche en paysages exceptionnels et en émotions fortes.
Un détour certes plus facile d’accès avec un 4×4 mais pas impossible pour un camping-car comme le notre. Un détour qui n’a été possible qu’après un bon travail de collecte d’informations depuis plusieurs mois en posant plusieurs fois les mêmes questions à plusieurs personnes aux profils différents : quel itinéraire prendre, l’état des pistes, des guets franchissables ou pas, des points d’eau, des hameaux, le passage de frontière chileno-bolivienne…
Même si nous avons fait le choix de partir avec un 4×4 de français sur une partie de l’itinéraire, cette « balade » de 700 km seuls au milieu de nul part nous aura demandé plus d’engagement que les 7 premiers mois de voyage depuis la Patagonie. La peur de l’isolement certainement 🙂 En contrepartie de ce petit stress et de pistes parfois bien pourries à nous rendre méchouga, on a gagné la chance de traverser à notre rythme parmi les plus beaux paysages d’Amérique du Sud : des lagunes vertes, blanches et oranges (!) ; un désert surréaliste sur lequel des rochers ont été comme déposé par Dali lui-même ; un bain dans des termes naturels aux eaux bien chaudes, la tête battue par un petit vent bien glacial ; des volcans aux cônes parfaits culminants souvent à plus de 6000m ; des geysers crachant des fumerolles avec une puissance phénoménale ; des steppes de plusieurs km plantées de ravissantes touffes jaunes dorées ; des montagnes au relief si doux qu’on a presqu’envie de les caresser ; des ambiances de steppes africaines au coucher du soleil ; des cours d’eau pris dans la glace ; des hameaux en pisé vides de leurs occupants retournés au village après les récoltes de quinoa ; des troupeaux de lamas, des oies et des lapins des Andes ; une grotte autrefois sous-marine dont les algues pétrifiées forment une dentelle spectaculaire ,… et d’un coup, à 3600 m d’altitude, la plus grande étendue de sel du monde parsemée de petites « iles » hérissées de cactus centenaires, sur lesquelles nous nous sommes réfugié les dernières nuits. Magique !
Infos pratiques
Sommaire
Traverser le sud Lipez depuis San Pedro de Atacama puis rejoindre le salar de Uyuni avec un camping-car propulsion est faisable par la piste principale, celle utilisée par les 4×4 des agences d’excursions. C’est une superbe traversée de 500km ou plus qui vaut la peine d’être tentée. Mis à part l’état impeccable du camping-car, il faut se renseigner sur l’état des pistes auprès des deux agences d’excursions boliviennes qui ont leur bureau dans San Pedro (SPA). Les agences chiliennes se contentent de revendre des excursions vendues par des agences boliviennes de Uyuni ou Tupiza : leurs boulots est seulement d’amener les touristes jusqu’au paso Hito Cajon où les 4×4 boliviens les prennent en charge. L’idéal est en fait d’aller passer un moment avec les chauffeurs boliviens au paso Hito Cajon : ils ont parfois du mal à se repérer sur une carte (les COPEC sont très bien) mais leurs infos sont précieuses car ils empruntent ces pistes tous les jours. C’est eux qu’il faut écouter.
Le jour J, il faut se présenter à la douane chilienne dans la matinée (S22.91081 W68.19377) avant de monter au paso Hito Cajon où il n’y a que la douane bolivienne (migracion et aduana – S22.88083 W67.79863). Attention, quelques points importants :
– les chiliens bloquent la route vers le paso de 16h30 à 8h pour ne pas avoir à aller chercher une voiture congelée dans les montagnes
– le paso Hito Cajon est à 4600m d’altitude et SPA à 2400m. 2200m de différence… Ca fait beaucoup d’un coup pour nos petites têtes qui peuvent souffrir du mal des montagnes (Cf. Nos conseils pour s’adapter aux hautes altitudes). L’idéal est de ne pas dépasser plus de 500m de différence entre deux points de bivouacs. Cela demande un peu de préparation mais certain (pas tous !) qui ne l’ont pas fait ont du redescendre dans la nuit parce qu’ils se sentaient vraiment pas bien. Nous avons donc profité d’excursions diverses autour de SPA pour nous acclimater progressivement (Canyon de Guatin, Machuca et Geiser del Tatio).
JOUR 1 : San Pedro – paso Hito cajon (migracion (visa 30j) + aduana (90j) en quelques minutes) – petit bout de piste jusqu’à l’entrée payante du parc – passage entre les lagunas Verde et Blanca – nuit aux termas Polques (laguna Chalviri)
JOUR 2 : piste mauvaise (tôle, caillouteuse) des termas Polques jusqu’à la laguna Colorada en passant par les geisers Sol de manana – puis piste de nouveau correcte jusqu’à la laguna Capina – piste étroite et tortueuse jusqu’à un col puis descente sur la plaine qui mène jusqu’à Villa Mar – nuit à Villa Mar près du terrain de foot
JOUR 3 : premier guet à la sortie de Villa Mar (évité en faisant un détour par une courte piste passant à l’est du village) – péage de 10 bols à la sortie de Villa Mar – piste correcte dans des paysages grandioses jusqu’à deux derniers guets situés qq km avant Villa Alota (le deuxième est plus profond que le premier – les deux m’ont obligé à démonter le filtre à air – piste fréquentée par les 4×4 d’excursions) – passage à l’ouest de Villa Alota puis magnifique vallée à remonter jusqu’à un col à 4300m – descente jusqu’à San Augustin où il faut prendre plein ouest le long de la ligne électrique (piste sablonneuse inexistante sur les cartes) pour retrouver une autre piste sablonneuse qui monte plein nord en direction de San Juan – traversée de la ligne de chemin de fer – nuit à San Juan
JOUR 4 : piste impeccable jusqu’à San Pedro de Quemes – piste mauvaise vers le nord-est en direction de la surprenante grotte Galaxia (tôle, creux prononcés, sable profond parfois,…) – puis encore piste mauvaise (tôle, caillouteuse) en direction de Tanil Vinto qui est le point d’entrée sur le salar – nuit à l’ile Pescado (pas Incahuasi)
La piste n’a rien de technique. Les seuls passages délicats furent des passages de rivières à la sortie de Vila Mar et à l’ouest de Vila Alota. Ne pas se laisser impressionner par les 4×4 d’excursions qui passent là où c’est le plus profond (ca impressionne les clients !) mais plutôt attendre patiemment un local qui montrera le bon chemin. L’autre difficulté est le froid : en juin nous avons mesuré un -15° sur le salar. A cette température, il est impératif :
– d’ajouter de l’anti-congelant dans le diesel qui sinon va pailleter (disponible à SPA)
– de se garer face au soleil levant qui réchauffera le moteur le lendemain matin
– de couvrir le moteur avec une couverture le soir et de refermer le capot dessus
Nos articles sur notre blog
1 – Welcome to Bolivia – Aux portes du Sud Lipez
2 – « L’aventure » Sud lipezienne
3 – A nous le salar de Uyuni !
Sources d’infos utiles (en cours…) :
Topo détaillé pour les cyclistes : http://www.tour.tk/pdf/cycling-southwest-bolivia.pdf