Nous laissons ce matin de 4 juillet nos amis Ricains, tout occupés à célébrer leur fête nationale. C’était plutôt bien vu de notre part puisque qu’en ce jour grisouille et témoin de leur patriotisme légendaire, il n’y a pas foule à la frontière américano-canadienne. Mais c’était sans compter un petit oubli de notre part qui aurait pu nous quitter très cher. Nous abordons la cahute du douanier le cœur léger, certains d’avoir laissés derrière nous cette petite pointe d’incertitude qui nous a accompagner sur chacun de nos passages de frontières du sud du continent. Mais voilà, le douanier est souriant –trop- son sourire se crispe et, s’excusant déjà, nous fait gentiment remarquer qu’il va y avoir un « petit » problème car nous avons ficelé sur le toit du camping-car un tas de bois. Oui, c’est bien l’objet du problème : nous nous apprêtions à faire passer trois buchettes américaines chez nos amis canadiens et c’est to-ta-le-ment FOR-BI-DEN !!! S’il n’y a pas grand monde pour passer au Canada, 4 juillet oblige, la file est au contraire interminable dans le sens Canada-USA. Il faut faire demi-tour pour ramener le bois aux States …. Mais Lionel arrive à faire pleurer dans les chaumières : nous avons deux petits, nous ne savions plus que nous avions le bois sinon il n’aurait pas été ficelé là-haut en pleine évidence, l’amitié franco-canadienne ce n’est pas que des mots… OK c’est bon, il gagne le droit de laisser femme et enfants au Canada et de repartir à pied vers les Etats-Unis pour rendre aux Américains ce qui leur appartient et qui risquerait bien de décimer toute la forêt canadienne tellement les bois du voisins sont toujours truffés de parasites. Lionel prend son (ses) bâton(s) de pèlerin et se fait recevoir plutôt froidement. Il tombe même sur la crème des douaniers qui commence à lui expliquer, qu’aux Etats-Unis, il est interdit d’emmener du bois à plus de 50 miles de son lieu de ramassage. Il va falloir aller le rapporter dans ce rayon de 50 miles, c’est à dire, en ce qui nous concerne, dans un rayon de 50 miles du… Grand Canyon, soit à près de 5.000 km d’ici !!! Grand moment de solitude, Lionel fait profil bas et accepte de « subir les railleries de tous les bureaux de la douane américaine… ». Allez, c’est bon et c’est, là aussi au nom de l’amitié franco-américaine, ou parce que « les Français, décidément, il sont vraiment trop… », que le « gentil » douanier décide de jeter l’éponge et accepte de reprendre les trois morceaux de bois…
Remis de nos émotions, nous avançons dès lors vers ce qui va marquer la fin du voyage. Sentiments mélangés. Direction Montréal et la marina de Longueil où nous allons y rencontrer les futurs acheteurs du camion, une famille française en partance pour le même voyage que nous mais dans l’autre sens. Nous allons passer plusieurs jours à ranger et nettoyer le camion de fond en comble pour le préparer à sa vente. Rencontre avec les futurs propriétaires, la vente est confirmée et finalisée dans les meilleurs délais. Et voilà le grand jour qui arrive, sous une pluie battante, l’heure des séparations sonne. Anna est émue, très émue, Nils est trop petit pour se rendre compte bien sûr, Nelly a un pincement au cœur et Lionel est serein.
Notre aventure canadienne n’est pas complètement finie car grâce à notre ange-gardien Jean-Jacques, nous allons encore passer une semaine à Montréal, dans un charmant petit appartement, le temps d’empaqueter la centaine de kilos d’affaires à rapatrier avec nous en France.
Et le jour du départ sonne. La joie de retrouver nos proches et une vie plus sédentaire se mêle à la nostalgie naissante d’un livre qui se referme. Nous sommes le 14 juillet, nous rentrons en France.